Plus claire la lumière, plus sombre l’obscurité… Il est impossible d’apprécier correctement la lumière sans connaître les ténèbres.
Je vous donne mes conseils pour utiliser la technique du clair-obscur en photographie culinaire !
Quand on commence en photographie et plus particulièrement en photographie culinaire on a tendance à éviter les ombres. En même temps, c’est ce que recommandent la majorité des livres ou des formations sur le sujet. Le nombre de fois où j’ai vu les mêmes conseils afin d’éviter les ombres dures et la lumière vive. On vous explique comment “déboucher” le plus possible les ombres en utilisant des réflecteurs ou en augmentant les curseurs vers la droite…Comme si les ombres ne permettaient pas de faire de belles photos.
Les gens associent malgré eux les ombres à un défaut de luminosité. Or vous ne vous êtes jamais demandé si au contraire, l’obscurité ne pouvait pas vous aider à mettre en valeur votre sujet, votre plat, ou votre produit ?
C’est ce que la technique du clair-obscur permet. Utilisée depuis l’antiquité, cette technique picturale a vue son développement au moment de la renaissance avec des peintres comme Le Caravage ou Rembrandt. On peut le définir par un fort contraste entre zones claires et zones sombres. À la manière des peintres de la renaissance, il est possible de le créer en photographie. C’est même assez simple en fait ! Je vous donne aujourd’hui tous mes conseils pour créer et utiliser le clair-obscur en photographie culinaire…Et ainsi mettre en valeur vos produits et recettes !
3 schémas de lumière possibles pour obtenir un clair-obscur en photographie culinaire :
J’utilise principalement trois schémas lumineux pour créer un clair-obscur en photographie culinaire. Pour les deux premiers il va falloir partir en expédition à la recherche de l’endroit parfait : Celui où la lumière et l’ombre se rencontrent !
Je vous montrerai par la suite comment créer une scène de clair-obscur en bloquant partiellement et artificiellement la lumière.
1-là où l'ombre et la lumière se retrouve : Lumière latérale
La base, c’est de trouver une zone où l’ombre et la lumière se rencontrent. Je m’explique, parfois on peut voir un point lumineux sur le sol, en général du à l’encadrement d’une fenêtre ou bien d’une porte…Essayez alors de placer votre sujet dans cette lumière. Réglez ensuite l’exposition sur ce dernier en faisant attention à laisser visibles les hautes lumières. Tout ce qui se trouve dans l’ombre sera alors plongé dans le noir comme par magie, à l’exception de du sujet ! Ce dernier sera alors baigné de lumière et le fait de l’entourer de pénombre le fera ressortir encore plus !
Dans ce schéma là, on peut placer le sujet de manière latérale à la source lumineuse. Dans l’exemple ci-dessous j’ai placé mon fils au bord d’un rayon de lumière s’échappant d’une porte. Je lui ai demandé de tendre les mains de sorte que seul son bras et cette belle poignée de respounchous ( bonjour sud-ouest !) soit dans la lumière.
2-LÀ OÙ L'OMBRE ET LA LUMIÈRE SE RETROUVE : lumière de face
Le principe ici est le même. Il vous faut une poche de lumière où placer votre sujet sauf qu’au lieu de le placer de façon latérale à la source lumineuse comme tout à l’heure, vous allez le placer cette fois-ci face à la lumière.
C’est exactement ce que j’ai fait ici avec mon fils et son petit eskimo. J’ai d’abord remarqué la poche de lumière au sol alors que mon fils dégustait tranquillement sa glace ! J’ai d’abord essayé de le placer sur le côté mais ça ne donnait rien.
Je lui ai demandé de changer de position et de se mettre face à la lumière. Plus précisément, avec son bras tendu vers la lumière et le reste de son corps dans l’ombre. Je me suis placée entre la lumière et lui en m’accroupissant pour ne pas faire tomber mon ombre sur lui et pour être à sa hauteur de petit bonhomme !
Pour que mon exemple soit plus parlant, je vous ai rajouté la photo de l’endroit au moment où j’ai pris cette photo.
Quand je parle de poche de lumière je crois que c’est un exemple assez flagrant !
Le fait d’avoir placé uniquement son bras dans la lumière crée comme un cadre d’ombre autour de lui et le fait ressortir encore plus. Notamment grâce au fort contraste de la scène.
3-bloquer la lumière latérale
On peut aussi utiliser des surfaces noires comme du carton plume pour bloquer une partie de la lumière en le plaçant entre la source lumineuse et notre sujet. Cela aura pour effet de créer une ligne d’ombre derrière notre sujet. Si vous combinez ça avec un fond sombre, tout ce qui se trouvera derrière votre sujet tombera dans l’ombre.
L’astuce du carton plume m’a été donné par Sabine du blog Confit-Banane dont je vous recommande à 100% la formation…Sans compter qu’elle maitrise ce style à la perfection !
On peut appliquer le même principe pour la lumière artificielle :
Le clair-obscur à l'extérieur pour vos photographies culinaires :
Vous pouvez également vous amuser avec la technique du clair-obscur à l’extérieur. C’est parfait pour montrer et mettre en valeur les produits bruts par exemple.
Partez à la recherche de ces zones de fort contraste où ombres et lumières se rencontrent. Essayez d’y placer votre scène ou votre sujet en utilisant un des schémas lumineux. Rappelez vous simplement que l’ombre doit toujours tomber derrière votre sujet.
quelques conseils techniques pour bien gérer l'exposition et la mise au point dans vos photographies culinaires en clair-obscur :
Gérer la mise au point :
Votre appareil peut avoir un peu de mal à gérer la mise au point avec ce genre de lumière, notamment en faible luminosité. Si c’est le cas, n’hésitez pas à passer en manuel surtout s’il mouline un peu trop ! Vous pouvez par exemple commencer la mise au point en automatique, et une fois celle-ci calée, passer en manuel pour déclencher. C’est l’avantage avec les photographies culinaires. Dans la plupart des cas, notre sujet est par définition statique. L’utilisation d’un trépied peut faciliter la tache en évitant de déplacer l’appareil photo et par conséquent la zone de netteté. Personnellement je ne l’utilise pratiquement pas et la mise au point se fait sans trop de difficulté…Mais c’est toujours bon de l’avoir au cas où !
Gérer l'exposition du clair-obscur en photographie culinaire :
Il faut savoir qu’il existe différents type de mesure de l’exposition ( évaluative ou matricielle, pondérée, spot…). Personnellement j’utilise toujours la mesure spot car elle me donne un contrôle précis de mon exposition. Elle permet notamment de prendre une lecture de compteur à partir d’un endroit spécifique dans la scène que je sélectionne avec mon carré de mise au point. Pour les utilisateurs de Canon, la mesure se fait au centre. Je prends donc ce dernier que je déplace sur la partie la plus lumineuse de ma scène en faisant attention à ce que mon compteur (visible au bas de mon viseur) n’aille pas trop au delà de +2 ! Il m’arrive d’aller à +3 parfois mais jamais au delà…Je fais la même chose pour les parties les plus sombres en essayant de garder la limite à -3. Le but étant quand même d’avoir une photo correctement exposée au départ. Mais parfois je suis obligée de sous-exposer légèrement ma photo pour éviter de ne perdre trop de détails dans les hautes lumières. Je peux faire également ce choix lorsque je souhaite assombrir encore plus le fond.
C’est ensuite à l’édition de la photo qu’on pourra venir rééquilibrer l’ensemble. Soit en remontant un peu les ombres si celles-ci sont trop fortes ou bien au contraire en les accentuant.
C’est en faisant ce genre d’exercices que petit à petit j’ai réussi à maitriser mon appareil et ses réglages. Ce travail sur les ombres est excellent pour maîtriser l’exposition.
et on retouche comment le clair-obscur en photographie culinaire ?
Si on prend cette photo comme exemple, bien que la scène se passe en pleine journée, on a déjà une ombre qui entoure largement notre sujet. J’ai légèrement sous exposé ma photo à la prise de vue mais juste assez pour plonger le fond dans le noir. Je vous donne mes réglages, bien que ça ne soit pas le plus important ici : ISO 200, 1/125s, f/2.8 au 85mm.
En ce qui concerne les modifications réalisées, je vous ai mis une capture d’écran des réglages effectués. Je vous préviens, ces derniers sont assez basiques ici ! Je me suis contentée d’augmenter l’exposition, le contraste et la luminosité, ainsi que les hautes lumières et les blancs. J’ai également baissé légèrement les ombres et les noirs avant de modifier ma courbe Luma. Je n’ai pas eu besoin d’utiliser de filtre radiaux ici puisque l’ombre était déjà bien présente au départ sur ma photo mais ils sont parfois très utiles.
J’ai choisi cette photo comme exemple pour vous montrer qu’en exposant judicieusement dès la prise de vue, quelques réglages suffisent ensuite pour finaliser votre photo. Non parce que je ne sais pas vous mais je préfère passer mon temps derrière mon appareil que devant mon ordinateur !
un dernier conseil pour la route :
J’espère surtout qu’après avoir lu cet article vous n’aurez plus peur d’inclure des ombres dans vos photographies culinaires. Si le fort contraste provoqué par le clair-obscur peut parfois sembler compliqué à gérer à la prise de vue, tentez quand même l’expérience…Jouez pleinement avec la lumière et les ombres, elles vous le rendront bien !
Je crois que j’ai du mal maintenant à être créative quand elles sont absentes…Les longues journées grises sont mes pires ennemies ! Mais même dans ces cas là, je pars à la recherche de l’endroit où l’ombre et la lumière se rencontrent pour recharger ma créativité !
Pour finir, j’espère que cet article sur l’utilisation du clair-obscur en photographie culinaire vous aura plu. Pour toutes les questions qui pourraient venir sur le sujet, n’hésitez pas à me les poser en commentaire ou bien en DM sur mon compte Instagram (@miseaupointgourmande)…J’y répondrai avec grand plaisir !
En attendant, bonne recherche et surtout amusez vous !
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