La rapidité est sublime, et la lenteur majestueuse.
Je vous donne mes conseils pour utiliser et jouer avec les vitesses lentes en photographie culinaire afin de mettre en valeur vos produits et recettes de façon créative !
Aujourd’hui je vous propose de vous amuser un peu avec la vitesse dans vos photographies culinaires.
Je ne vais pas aborder ici la question de figer le mouvement et des vitesses élevées. Au contraire, je vais vous montrer comment utiliser des expositions longues et des vitesses d’obturation lentes dans les photographies culinaires pour créer un effet de flou et voir comment intégrer cette technique dans vos créations gourmandes.
Si vous n’avez jamais photographié de scène culinaire à des vitesses inférieures à 1/60 ou moins, la suite devrait vous intéresser !
On va commencer par passer en revue les différents aspects techniques de ce genre de prises de vue. Je m’attarderai ensuite plus longuement sur les différentes utilisations qui s’offrent à vous pour intégrer la vitesse lente dans vos photos culinaires ou de produits.
Les aspects techniques de la prise de vue en vitesse lente en photographie culinaire :
Pour commencer, je vais répondre ici aux différentes questions techniques que peuvent impliquer le fait d’utiliser des vitesses lentes en photographie culinaire.
Quelle vitesse utilisée ?
C’est là que les choses se compliquent ! En effet, chaque situation est unique. Une vitesse précise ne convient pas à toutes les circonstances. Pour identifier la bonne vitesse d’obturation, il vous faudra vous poser quelques questions et surtout expérimenter par vous même.
Sur chacun des exemples que je vais vous montrer, je vous donnerai mes paramètres de prises de vue. Mais il est important que vous ne les considérez pas comme une science infuse. Tellement de choses entrent en jeu qu’il me paraît compliqué de vous donner une vitesse précise pour obtenir tel type de photo. Votre résultat dépendra aussi bien de la vitesse à laquelle bouge votre sujet, de la distance entre votre appareil et votre sujet que de la luminosité ambiante…
Cependant, le côté pratique de la prise de vue avec un appareil photo numérique est que vous pouvez voir les résultats instantanément et ajuster en conséquence votre vitesse…Je vous conseille de commencer à 1/60 et de descendre petit à petit en fonction du résultat obtenu et souhaité.
Faites attention à votre exposition :
Le fait de ralentir votre vitesse d’obturation va nécessairement augmenter la lumière entrant dans votre boitier. Ce qui aura un impact direct sur l’exposition de votre photo. Vérifiez donc en premier lieu vos ISO et assurez vous qu’il ne sont pas trop élevés.
Vous devez ensuite vous assurez que votre ouverture n’est pas trop grande. Fermer votre diaphragme vous aidera d’ailleurs à faire plus facilement la mise au point sur votre sujet ou l’arrière-plan.
Faites attention à la stabilité :
Qui dit vitesse lente dit risque important de flou de bougé.
Si j’arrive à gérer à main levée jusqu’à environ 1/30s selon l’objectif utilisé, dans certain cas, le trépied va être nécessaire pour assurer une stabilité dans votre prise de vue.
À d’autre moment par contre, on va justement essayer de provoquer ce flou de bougé pour dessiner et donner du mouvement à notre photo. C’est d’ailleurs ce que je vais vous montrer un peu plus bas….
Les différentes utilisations de la vitesse lente en photographie culinaire :
On va distinguer trois situations possibles pour utiliser les vitesses lentes en photographie culinaire selon que le sujet et votre appareil photo sont stables ou non :
AVEC UN SUJET EN MOUVEMENT ET L'APPAREIL PHOTO STABLE :
Pour montrer le mouvement :
Paradoxalement, le fait de diminuer votre vitesse va aider a montrer le mouvement dans votre scène. Si une vitesse élevée aide à figer le mouvement, pour le montrer et le suggérer au contraire, il faut ralentir !
J’adore par exemple utiliser cette technique lorsque je saupoudre du sucre ou bien de la farine !
En effet, une vitesse lente donne un effet incroyable de neige qui tombe sur les gâteaux !
85mm, ISO 200, f/2.8 , 1/60s (à main levée)
Combiner avec de l’eau ou n’importe quel liquide, le résultat est tout simplement magique !
Mais en descendant sur des vitesses de l’ordre de 1/8s, 1/6s et plus, gardez toujours à l’esprit que la stabilité de votre sujet et de votre appareil sont primordiales.
Si pour la photo ci-dessous je suis descendu jusqu’à 1/8s à main levée j’ai également essayé de caler mon bras (et donc mon appareil) sur le plan de travail afin de ne pas introduire trop de flou de bougé. J’ai ensuite demandé à mon sujet d’essayer d’être le plus stable possible. Ici clairement ça aurait été beaucoup plus simple et rapide en utilisant le trépied et j’aurai même pu descendre encore plus bas en vitesse…
85mm, ISO 800, f/6.7, 1/8s ( à main levée)
Pour raconter une histoire :
Deuxième exemple d’utilisation des vitesses lentes en photographie culinaire : raconter une histoire !
Personnellement je trouve que d’utiliser les vitesses lentes en photographie culinaire aide a connecter le spectateur avec notre image. Cela lui donne notamment l’impression de faire partie de cette histoire.
Le mouvement vous donne l’impression d’être là aussi. En rajoutant des petites mains qui entrent dans le cadre par exemple, vous connectez instantanément le spectateur à la scène.
De plus cette technique peut vous permettre d’ajouter de la vie à votre scène qui par définition n’est rien d’autre qu’une nature morte et par conséquent apporter un intérêt supplémentaire à votre photo…
En revanche, essayez de vous détacher du résultat car soyons clair, ça ne sera jamais parfait ! Vous allez devoir faire plusieurs prises de vue pour arriver au résultat souhaité mais c’est aussi ça qui fait son charme. Et c’est comme ça que vous progresserez ! Vous obtiendrez une photo différente en fonction des différents paramètres possibles.
50mm, ISO 400, f/4, 1/30s (à main levée)
50mm, ISO 280, f/6.7, 1/20s (à main levée)
On peut même ralentir encore plus pour un effet “ghost” :
Une autre façon d’utiliser les vitesses lentes en photographie culinaire est de montrer par exemple toutes les étapes de préparation du plat.
En règle générale, dès qu’une action est en jeu avec du mouvement, l’utilisation d’une vitesse lente peut aider à la mettre en valeur.
50mm, ISO 100, f/4, 1/15s (à main levée)
Les vitesses d'exposition longue ou lightpainting :
Certes on voit habituellement cette technique dans la photographie de nuit avec notamment les feux de voitures formant une longue trainée colorée. Mais vous pouvez également utiliser cette technique pour toutes sortes de photos amusantes.
Combinée avec une source lumineuse comme votre portable, un briquet ou bien un cierge magique, cela peut vous permettre par exemple “d’écrire” sur votre photo ! En revanche utilisez un trépied pour assurer la stabilité de votre appareil, une télécommande pour déclencher à distance ou bien le retardateur (5 secondes au moins ) et baissez drastiquement votre vitesse.
En revanche, pour compenser vous allez devoir baisser les ISO et probablement fermer au maximum le diaphragme. Côté mise au point, si vous avez l’impression que votre appareil à du mal à faire le point où vous le souhaitez, passez en manuel…
Pour le reste, à vous de voir comment intégrer cette technique dans vos photos culinaires et gourmandes !
85mm, ISO 50, f/16 , 8s (trépied + retardateur)
Pour vous donner un autre exemple, sur cette image j’ai utilisé l’application Screen Light Color sur mon téléphone. C’est une application qui permet d’afficher une couleur sur son écran, d’en modifier sa teinte, sa luminosité et sa saturation…
Ensuite, il ne reste plus qu’à jouer avec !
35mm, ISO 50, f/16 , 10s (trépied + retardateur)
AVEC UN SUJET ET L'APPAREIL PHOTO en mouvement :
Autre technique dont vous pourriez vous inspirer pour utiliser les vitesses lentes en photographie culinaire : le panoramique.
C’est une technique couramment utilisée dans la photographie sportive, comme la course automobile par exemple…L’idée est de suivre avec notre appareil un sujet en mouvement qui traverse de façon horizontale notre cadre. Cela va avoir pour effet de créer un arrière plan flou alors que le sujet, bien qu’en mouvement, sera en partie net. La grande difficulté va résider dans le fait de trouver la bonne vitesse d’obturation en fonction notamment de la vitesse de notre sujet et aussi de la quantité de flou que l’on souhaite en arrière plan.
Pour utiliser cette technique je pense par exemple à du reportage photographique au sein d’un établissement (restaurant, boulangerie, boutiques, producteur…). On pourrait très bien imaginer suivre de notre appareil un serveur apportant un plat à table…Plein de possibilités sont possibles !
Commencez à 1/50s pour voir et adaptez la vitesse en fonction du résultat. L’idée est de suivre et d’accompagner le mouvement de votre sujet avec l’appareil en essayant de garder un minimum de stabilité et de netteté sur le sujet. Autre conseil susceptible de vous aider : mettez votre appareil en prise de vue ainsi qu’en mise au point continue.
Sur cette série de photos, je suis allée de f/5.6 à f/11 en ce qui concernait l’ouverture et de 1/20s à 1/8s pour la vitesse :
85mm, ISO 280, f/5.6 , 1/8s
Même exemple avec une vitesse plus rapide, le sujet est plus net et le fond moins diffus alors que la vitesse de mon sujet reste sensiblement la même :
85mm, ISO 560, f/5.6 , 1/15s
Personnellement je préfère la première photo même si mon sujet est moins net. La notion de mouvement ressort d’avantage à mon gout et c’était le but premier de ces photos. Il n’y a pas de bon ou de mauvais choix, c’est tout simplement un parti pris purement subjectif ! Encore une fois ne vous désespérez pas ! Pour une dizaine de photos réussies j’en ai pratiquement fait une centaine ! Entre les réglages de l’appareil, le mouvement du sujet et le notre…Ça fait beaucoup de paramètres en jeu et tout autant d’échecs possibles !
AVEC UN SUJET stable ET L'APPAREIL PHOTO en mouvement :
Une dernière façon de jouer avec la vitesse est de s’amuser avec des mouvements de l’appareil photo. On peut imaginer des mouvements horizontaux, verticaux ou même circulaires. Combiné à de faibles vitesses, ça va avoir pour effet de créer des trainées lumineuses et colorées sur votre photo. Un peu comme de la peinture !
Encore une fois, afin de gérer au mieux votre exposition vous devrez fermer un peu le diaphragme. Mais en contre partie ça facilitera la mise au point.
C’est particulièrement très intéressant pour les photos de produits ou d’ingrédients. Notamment si vous arrivez à maintenir la netteté sur le sujet en totalité ou bien en partie. Bien sur ça ne sera pas évident au début ( même après d’ailleurs !) mais le résultat peut vraiment être sympa si vous persévérez. N’attendez pas de résultat précis au début et voyez ce que ça donne sans pression, juste pour vous amuser.
Personnellement je préfère les mouvements circulaires pour le culinaire. Pour d’autres domaines comme les compositions florales par exemple, les mouvements verticaux peuvent être intéressants. J’aime beaucoup le côté pictural obtenu avec ce genre de photo…
En rédigeant cet article je me suis aperçue que j’étais souvent à 1/15s pour ce type d’exercice.
50mm, ISO 800, f/6.7 , 1/15s
85mm, ISO 140, f/2.8 , 1/15s
un dernier mot pour la route :
Je préfère vous prévenir, vous aurez certainement beaucoup de photos ratées mais ce n’est pas grave ! C’est un peu la base de l’expérimentation. C’est pourquoi, il faut vous laisser une chance de tester et d’apprendre. En effet, plus vous allez vous entrainer et plus vous serez à l’aise par la suite.
Dernier petit conseil, laissez toujours une chance aux photos que vous jugerez comme ratées dès la prise de vue. Éditez les quand même avant de les jeter définitivement. J’ai moi même eu d’agréables surprises au moment de l’édition de certaines photos que je croyais tout simplement bonnes à jeter…
Pour conclure, j’espère que cet article “Focus” vous aura donné envie de ralentir le rythme et d’utiliser les vitesses lentes dans vos photographies culinaires…Si vous avez la moindre question sur cette technique photo, n’hésitez pas à me laisser un commentaire plus bas, j’y répondrai avec plaisir.
Dernier conseil, si vous êtes à la recherche d’idées créatives pour améliorer les photos de vos produits ou bien vos propres recettes, vous pouvez vous inscrire à ma newsletter via le lien au bas de cet article. Au programme, une mine de conseils et pleins d’exercices pratiques pour sortir des sentiers battus et surtout vous amuser ! Le tout directement dans votre boite mail toutes les deux semaines…
Sur ces derniers mots je vous laisse et surtout amusez vous bien !
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